Seconder les chefs d’exploitations et plus encore
Seconder les chefs d’exploitations et plus encore
Le besoin en main-d’oeuvre qualifiée pour seconder les chefs d’exploitations est croissant dans notre région. Pour satisfaire aux attentes des producteurs sous serres, une nouvelle formation de responsable en conduite de cultures protégées, assurée par apprentissage, est mise en place au Campus Fontlongue de Miramas
Le projet de redynamisation des productions sous abris, lancée par la profession dans la région Paca, cible non seulement les investissements dans les outils modernes et l’appui technique, mais aussi la formation. Pour les professionnels qui souhaitent continuer d’investir dans des outils innovants ; répondre aux attentes sociétales et aux exigences environnementales ; améliorer leur qualité de vie ; et se donner les moyens de préparer la suite, elle s’avère indispensable. Pouvoir s’appuyer sur un chef de culture, formé, et capable de répondre aux exigences d’un outil de production à la pointe de la technologie (qui compte parfois jusqu’à 15 emplois directs), n’est pas un luxe.
C’est même une priorité observée par les professionnels et les acteurs de la filière des productions sous abris ces dernières années. La pérennité et la compétitivité des structures, le renouvellement des générations, et de nombreux emplois sont directement concernés. C’est même une notion prioritaire pour la profession agricole, qui s’est impliquée dans le Plan de relance des cultures sous abris. En sensibilisant le corps enseignant, très réceptif aux besoins de la profession, des réponses pratiques se sont rapidement concrétisées.
Le Campus de Fontlongue et la Chambre d’agriculture des Bouches du-Rhône ont décidé de mettre en place, en septembre 2018, une nouvelle formation par apprentissage de niveau 3 : ‘Responsable de conduite de cultures protégées’.
Le montage de cette formation, en adéquation avec les attentes des serristes du département, est inédit. À l’occasion d’une rencontre entre professionnels et responsables du Campus, tous ont souligné le bien fondé du projet.
Chef de culture, un métier d’avenir
Pour Michel Saffin, élu à la Chambre d’agriculture, qui s’est investi dans le Plan de relance, cette formation doit répondre à des besoins multiples, aujourd’hui non satisfaits. “Il est indispensable de conforter le management au sein de nos structures de production.
Une serre compte de nombreux emplois directs et induits. C’est un secteur très pourvoyeur de main-d’œuvre qualifiée. Les postes ont été nettement améliorés, et la pénibilité a été diminuée. Cependant, nous avons besoin de seconds d’exploitation, de chefs de culture, pour remplacer les chefs d’exploitation appelés aujourd’hui à une multitude de responsabilités. C’est, de plus, un secteur d’emploi avec des débouchés et une demande très forte”, souligne l’exploitant agricole. Dans le département des Bouches-du-Rhône, par exemple, les outils de production sont très variés et le métier de serriste est de plus en plus complexe et exigent. Très peu d’exploitants sont secondés au quotidien. Il n’existait pas de formation sur la filière dans notre région, à la différence de la
Bretagne, “où, 80 % des exploitations ont un chef de culture, ou un enfant, pour les seconder. De plus, quand on investit dans une serre, c’est plusieurs millions d’euros, et tenir seul son exploitation n’est pas non plus de nature à rassurer le banquier”, ajoute Michel Saffin.
Pour assurer la suite
Un autre aspect important lié, cette fois, à la qualité de vie des agriculteurs, préoccupe la profession. Comme le souligne Monique Aravecchia, exploitante serriste dont les enfants sont déjà très investis dans son outil de production, “les modes de vie ont aujourd’hui changé. Un agriculteur a besoin, comme tout le monde, de pouvoir ‘lâcher’ de temps à autre son exploitation”.
De plus, “avoir l’assurance d’être secondé, c’est, à la fois, se donner la possibilité d’investir et de développer son exploitation à court terme, mais aussi donner de la perspective sur le métier à un éventuel futur repreneur, qui se sera formé à nos côtés”, ajoute-t-elle.
Enfin, soutenir la formation sur cette filière, c’est répondre à une demande sociétale de produits locaux et de qualité, avec des outils compétitifs.
Autant d’enjeux liés au maintien de l’emploi et d’une économie agricole sur le territoire.
Former des profils variés
La nouvelle formation dispensée au Campus Fontlongue a été construite pour former des jeunes et des adultes sur l’ensemble de ces attentes. Elle doit s’appuyer, notamment, sur un support pédagogique et un outil de production identique à celui des professionnels. Une serre ultra moderne doit voir le jour sur le lycée.
Les responsables du Campus de Fontlongue ont immédiatement été réceptifs au projet. “Pouvoir montrer, avec cette formation valorisante pour la filière, qu’un agriculteur doit appréhender et gérer des outils connectés, nous a semblé très intéressant. Cette nouvelle formation est une opportunité de renforcer les échanges avec la profession, et elle permet au Campus d’avoir une véritable colonne vertébrale de formations”, estime Thierry Quéré, chef d’établissement.
Pour élaborer son contenu pédagogique, qui prépare au métier de chef de culture, il a fallu se rapprocher de la profession locale et des instituts techniques, en travaillant avec l’école de maraîchage de Thesa (Perpignan).
“Cela a permis d’aboutir à un titre homologué, un diplôme d’État reconnu, et écrit par la profession”, souligne Florence Robert, directrice du centre de formation de Fontlongue.
“Le référentiel a été réadapté en tenant compte des différents systèmes que l’on retrouve sur les outils sous abris, les grands systèmes de serre-verre, et aussi les tunnels plastiques, le bio sous abris, etc. Bref, différentes réalités auxquelles il a fallu s’adapter”, explique Alain Rassat, professeur dans l’enseignement agricole.
La formation bénéficie d’un agrément apprentissage pour former des jeunes, sortant, par exemple, d’un BTS agricole. Elle bénéficie aussi d’un agrément sur la formation continue, afin de former des adultes salariés, qui viendront valider un niveau d’études et de compétences acquises en entreprise. “À partir de janvier, nous allons d’ailleurs nous attacher à aller chercher des candidats des deux profils, qui ont leur raison d’être dans cette formation”, indique Thierry Quéré. Les inscriptions pour la seconde promotion sont prévues en février.
Source : L’agriculteur provençal
Emmanuel DELARUE
mis à jour il y à 3 ans