Une semaine dédiée à la prévention
Cette semaine fut l’occasion pour les élèves de 3ème de prendre part à l’action prévention au sein du Campus Fontlongue. Pendant 30h ils ont pu être sensibilisés aux problématiques de prévention au sens large. Stupéfiants, sexualité, harcèlement, addictions….autant de thèmes qui auront été abordés. De nombreux intervenants sont venus apporter leur expérience sur ces thématiques. L’équipe du Campus menés par Caroline Gora et Raphaël Rubio, Stéphane Vidal, major de la police nationale, Christophe Madrolle conseillé régional, Raynal Tiné auteur du livre » vacciner contre l’indifférence », les responsables de la « Maison Des Adolescents »…Mais aussi des élèves de BTS qui ont mis en place une « cellule d’écoute » afin que les les élèves puissent se confier plus librement sur les difficultés rencontrées.
Cette semaine aura permit de faire prendre conscience à nos collégiens des dangers de certaines pratiques et de mieux appréhender les évolutions de notre société. Cette semaine sera marqué par le discours de Raphaël Rubio, enseignant au Campus journaliste chroniqueur et auteur.
« Après plusieurs années de déni, la prise de conscience du harcèlement semble devenir réalité. Des livres, des films et des émissions de télévision abordent très régulièrement le sujet.
Les pouvoirs publics quant à eux annoncent leurs intentions d’agir : le gouvernement par exemple à décidé d’ériger, dès l’an prochain, le combat contre le cyber harcèlement en grande cause nationale. Plus proche de nous, la Région Sud, depuis juin dernier, a fait de cet impératif un axe essentiel de sa politique publique.
Enfin, comment ne pas être sidéré par la campagne dite « anti-2010 ». 40 millions de vues. Un hashtag dégradant, et ces enfants, nos enfants, qui la boule au ventre, regardent l’école non plus comme un sanctuaire mais bien comme un lieu d’anéantissement!
Les chiffres, à ce titre, ne peuvent que nous laisser groggy. 1 million d’élèves seraient victimes chaque année de ce phénomène.
Derrière ces données, il y a de la souffrance. Derrière ces nombres, cette information abstraite, ces articles de journaux que vous voyez défiler en « scrollant », se cache, vous en avez conscience, des visages d’enfant.
Caroline Gora, ici présente, pourrait d’ailleurs en témoigner. Professeurs de français, elle est à l’initiative de l’action anti-harcèlement menée par le campus Fontlongue. Elle possède par ailleurs, une association, Egali-Terre, dont l’objet est de sensibiliser élus, citoyens et société civile à la lutte contre les violences conjugales mais aussi à celle contre le harcèlement.
Sur le terrain, Caroline recueille des témoignages glaçants.
Chaque jour, ce sont des parents meurtris, des familles désemparées, des mères et des pères inquiets qui, presque sans relâche, viennent à sa rencontre.
Caroline pourrait ainsi vous parler de la petite Cynthia atteinte, à la suite au harcèlement, de phobie scolaire.
Elle pourrait évoquer la situation de Farid, harcelé parce que 1er de la classe. Le gamin a alors créer une bulle, à la fois onirique et virtuelle, autour de jeu vidéo en solitaire. Là, avec un autre corps, un autre âge, il reconstruit une identité, qui dans la vie réelle, a été brisée. Sortir de cette addiction est difficile. Farid, lui aussi, refuse, à présent, de retourner en cours.
Caroline pourrait encore témoigner de ces enfants qui s’auto-mutilent, de celles et de ceux dont les somatisations deviennent récurrentes : mâchoire paralysée, douleurs au dos, perte d’appétit, bouffée d’angoisse incontrôlable.
Dans tous les cas, c’est l’estime de soi, la confiance en ces talents, la capacité même à se projeter dans un avenir jugée meilleur, qui petit à petit, à feu lent, est soigneusement miné.
Face à des drames, notre devoir d’adulte est clair. Nous devons agir et réparer.
Dans une tribune parue dans Destimed, Caroline Gora, a appelé à l’instauration d’une école qui répare.
Réparer, j’insiste très fortement sur ce point, c’est accepter pleinement son rôle d’adulte responsable.
Pour ce faire, le professeur doit oublier pour ses propres conflits psychiques, ses névroses, ses frustrations et autres fixations à tel ou tel étape du développement psycho-affectif.
Réparer c’est alors mettre en place des dispositifs dont la finalité est le bien être de l’élève !
Je laisserai Élise et Vincent, étudiant chez nous en BTS, décrire les mécanismes anti-harcèlement imaginée par le Campus Fontlongue.
Je mettrai simplement en lumière 3 points.
La lutte contre le harcèlement scolaire implique une pluralité d’acteurs. Notre objectif est de créer des synergies. L’action de la société civile est en ce sens fondamentale. Elle seule, par son activité, paraît en mesure de fédérer et de rassembler. Collectivités territoriales, élus, équipes pédagogiques, MDA, éducateurs, écrivains, associations et Police, tous, avons un rôle à jouer ! Croiser les regards et les pratiques sera l’une des clefs de notre réussite.
Je voudrais, dès lors, saluer le rôle de la police. Le Major Vidal intervient, dans les classes, pour rappeler combien le harcèlement est un phénomène d’une gravité extrême. Sa fermeté, son humanité, son sens de l’écoute et du dialogue doivent être soulignés. Oui nous sommes fiers de créer des partenariats avec la Police. C’est ainsi que l’on fait vivre le lien, si précieux, entre la Police et la Nation.
En troisième lieu, je désirerais mettre l’accent sur la notion d’anonymat. Lorsque la parole se libère, le devoir de l’adulte est de préserver l’enfant. Je veux dire par là qu’un élève, témoin de harcèlement a le droit d’avoir peur ! Il a le droit, c’est un enfant, de craindre les représailles. Peut-être redoute-t-il lui aussi de subir en retour de la violence. L’adulte est présent pour rassurer. Il doit sécuriser le “verbe” de l’élève, ses mots, son témoignage, son ressenti. Voilà pourquoi l’anonymat est primordial.
Nous agirons en adulte. Je veux regarder les « apprenants » dans les yeux et leur dire : faites nous confiance. À l’ école, ici, vous êtes en sécurité.
En définitive, l’honneur de l’adulte, et à plus forte raison, celui de l’enseignant, réside dans sa volonté de réparation.
Nous vivons au cœur d’une société beaucoup trop fracturée. Ces dernières sont alimentées, à ses fins inavouables.
L’école au contraire, doit rester ce lieu où le bien vivre, le souci d’autrui et la bienveillance sont des valeurs cardinales.
Ce lieu où la République, malgré les tempêtes, reste plus solide que toutes les haines. »
mis à jour il y à 3 ans